Le cholestérol – résumé d’une interview du Professeur Philippe Even

Dans la famille “le gras c’est la vie” (dixit Karadoc, chevalier de la table ronde dans la série Kaamelott), j’ai mis au clair le brouillon de mes notes sur la 1e partie de la vidéo « Cholestérol, molécules de vie ! Statines, molécules du diable… Even 1ère et 2è partie » (voir en bas pour le lien vers la vidéo complète). Le Professeur Even, popularisé par ses livres contre les statines et contre une série de médicaments qu’il considère inutiles, nous informe dans cette première partie sur la beauté de la molécule et sur son caractère indispensable au développement de la vie.

Cholestérol – Molécule de Vie

Historique de sa découverte :

La molécule est découverte pour la première fois au XVIIIe siècle, dans des calculs biliaires.

Après le seconde guerre mondiale, au milieu du XXe siècle, on voit apparaître une augmentation significative des maladies cardio-vasculaires. Le Pr. Even nous donne une explication simple et logique au sujet de cette augmentation : face à une élévation de la longévité de la population, de façon tout à fait naturelle apparaissent plus en plus des maladies liées au vieillissement… Les maladies artérielles en font partie puisque le Professeur expliquera plus loin que les plaques d’athéromes sont des lésions naturelles qui s’accumulent avec l’âge. C’est d’ailleurs une épidémie qui apparait dans les pays où on vit vieux.

Mais à l’époque on veut comprendre ce qu’il se passe et des premières autopsies sont réalisées aux USA. On découvre dans les artères des plaques jaunes. Qui dit jaune dit graisses. A l’époque, on sait doser le cholestérol. Et à l’examen on en trouve dans les plaques.

Ces conclusions sont très rudimentaires nous dit Even, mais c’est ainsi qu’on a relié le cholestérol avec les maladies artérielles…

Dans les années 70’s, un chercheur japonais (Akira Endo) découvre par hasard des molécules, les statines, qui bloquent la synthèse du cholestérol (et du mévalonate, voir plus bas). A l’époque, on pense toujours que le cholestérol est à l’origine des problèmes cardio-vasculaires. L’industrie pharmaceutique se rue dessus et commercialise ces statines.

Aujourd’hui, il y a 200 millions de personnes sous statines dans le monde, essentiellement des personnes âgées (à peu près 1/3 de cette population). Il y en a déjà 5 millions rien qu’en France.

Ce n’est que dans les années 1980’s que l’étude du cholestérol sort du cercle restreint de la médecine. Les biochimistes commencent aussi à s’y intéresser. Il y a eu 13 Prix Nobel en lien avec cette molécule ! Et qu’est-il ressorti de ces recherches ? :

Synthèse du cholestérol :

En plus de cholestérol ingéré par l’alimentation, l’organisme fabrique lui-même du cholestérol parce que cette molécule lui est indispensable.

Sa synthèse est très longue et difficile : 36 étapes successives. à chaque étape, une enzyme spécifique est nécessaire pour que la réaction se produise. Il est très rare dans l’organisme qu’une molécule soit si dure à produire.

Éternel, comme un diamant…
Cas unique : le cholestérol n’est jamais détruit dans l’organisme, preuve de son importance… Normalement, chaque molécule dans l’organisme a une durée de vie limitée, et est ensuite détruite, brûlée, comme un acide gras. Le cholestérol lui peut être éliminé par les urines ou les selles, mais il n’est jamais détruit.

Dans le foie, une partie du cholestérol est modifié, acidifiée, pour fabriquer des acides biliaires. Ces acides, formant la bile, ont pour rôle, entre autres, d’absorber les acides gras. Donc une partie des ces sels sont réabsorbés et repartent vers le foie où le cholestérol va être recyclé, à nouveau. L’autre partie sera éliminée avec les selles.

Un taux de cholestérol inférieur à 1g/l n’est plus compatible avec la vie.

Les fonctions du cholestérol dans l’organisme :

Élément structural:

la vie a pu se développer quand la cellule fut protégée par une membrane. Les graisses courantes sont fluides, molles, mobiles, … le cholestérol lui a une structure très rigide, qui fait la robustesse de la membrane cellulaire, de sorte que les cellules soient différenciées et non confondues l’une avec l’autre ( comme dans un milieu libre, un océan, … si j’ai bien compris…). Le cholestérol est un élément structural de la vie car sans lui, la vie telle qu’on la connait (animale?) n’aurait pas pu se déployer. Il permet aussi d’éviter la rupture de cette membrane cellulaire.

En gros : sans le cholestérol la vie serait restée à l’état de « boue » cellulaire…

Communication :

Le cholestérol intervient de diverses manières dans les fonctions de communication intracellulaire. Il va partciper à la coordination cohérente de l’information dans l’organisme. Pour rappel, des messages sont envoyés au cerveau, et d’autres reçus depuis le cerveau. Pour cela des substances sont émises et captées par des récepteurs.

La communication dans le corps , ce sont:

    • les hormones qui agissent sur différents tissus
    • les neuromédiateurs au sein du réseau neuronal, qui vont perpétuer un message tout le long du réseau
    • les molécules du système immunitaire entre elles: par exemple les lymphocytes qui s’envoient des messages pour accomplir certaines fonctions

Et tout ce système de communication se fait au travers d’un système d’émission-réception. Pour « capter » une info, la cellule a besoin d’être munie de récepteurs ad hoc. Le cholestérol sert en réalité de socle à ces récepteurs. Il permet aux récepteurs de rester « accrochés » à la membrane de la cellule pour que celle-ci puisse percevoir un message.

La cohérence des fonctions de l’organisme est dépendante d’un système de communication. Pas de cholestérol, pas de réception des messages… Pas de réception, pas de communication possible… Pas de communication… organisme en grève .

Transport des graisses :

Le cholestérol n’est pas une graisse, c’est un alcool. Il va s’accrocher aux graisses issues de l’alimentation. En effet, les acides gras ont besoin d’être solubilisés sinon ils se précipitent en petits amas qui coulent, entre autres dans le sang… Mais heureusement il y a des molécules de transport permettant de les véhiculer dans le sang. Il y a deux types de transporteurs d’acides gras :

  • le glycérol : qui s’accroche à trois molécules d’acide gras et forment les triglycérides (le plus important numériquement)
  • le cholestérol : qui s’accroche à 1 acide gras et devient du cholestérol estérifié, qui va vers tous les tissus de l’organisme en fonction des besoins de l’organisme.

Rappel : les acides gras sont notre « pétrole ». Toute notre énergie découle de la combustion des graisses. Toutes les cellules ont besoin d’énergie. CQFD…. Merci petit cholestérol.

Au sein des tissus :

  • Dans les muscle : les cellules musculaires sont souvent en mouvement, contraction-décontraction, etc… Si il y a un manque en cholestérol : il y aura rupture des cellules trop sollicitées mécaniquement (voir la fonction structurale plus haut).
  • Dans le système nerveux et le cerveau : les gaines qui entourent les neurones (« gaines de myéline ») et qui permettent aux messages nerveux d’atteindre beaucoup plus vite leur objectif sont constituées entre autres de cholestérol. De plus, entre les cellules nerveuses se trouvent les cellules gliales, qui vont produire le cholestérol nécessaire à la gaine nerveuse. Donc le taux de cholestérol va avoir une incidence sur la qualité de notre mémoire, réflexion, réaction, motricité, …
  • A partir du cholestérol, l’organisme va pouvoir produire les hormones sexuelles (les hormones stéroïdes, testostérone, œstrogène, progestérone, …)

Le cholestérol intervient de diverses manières à tous les niveaux de la chaîne de communication : à l’envoi (avec la synthèse des hormones sexuelles), transport (constituant de la gaine de myéline) et à l’arrivée (fonction d’ancrage des récepteurs).

Les isoprénoïdes :

Lors de la synthèse du cholestérol, il y a un moment où il y a un embranchement vers une autre molécule : le mevalonate, qui va se modifier ensuit en isoprénoïde. Un certains nombre des ces isoprénoïdes jouent des rôles-clé dans l’organisme. Ils vont activer certaines molécules déterminantes pour les fonctions cellulaires en se fixant sur elles :

  • les RAS : molécules qui contrôlent les gênes de la prolifération cellulaire. (sans RAS : pas de reproduction possible, trop de RAS : développement du cancer et intermédiaire)
  • RHO : elles contrôlent une grande partie des réponses immunologiques.
  • Un autre gêne qui contre l’oxydation des nos cellules.

–> 3 activités indispensables à la vie.

  • Protéine qui contrôle la fabrication de l’os. Notre squelette se renouvelle totalement en 25 ans. Il y a une construction permanente qui se trouve sous la protection de cette protéine, elle-même activée par les isoprénoïdes…

les statines stoppent les deux voies de synthèse : du cholestérol mais aussi des mévalonates. On imagine les conséquences multiples sur toutes les fonctions citées ci-dessus.

Le « Bon » et « Mauvais » cholestérol : autre mythe

Une fois fabriquées dans le cerveau ou dans le foie, les molécules de cholestérol circulent dans le sang, accrochées à des molécules de LDL, elles sont distribuées dans les tissus, partout où elles sont nécessaires. Le surplus est inutilisé, stocké avec un acide gras sous forme de cholestérol estérifié. L’autre partie, lorsqu’elle ressort des cellules, s’accroche à des molécules (HDL) et retourne en partie vers le foie, ou pour l’autre se délie pour s’accrocher à nouveau à des molécules LDL.

Foie LDL Tissus HDL LDL (et boucle sans passer par le Foie)

                                             ou  Foie LDL

                                                                ou Acides biliaires (une partie  recyclée par la digestion, l’autre éliminée)

Inconnue : encore aujourd’hui, on ne sait pas quel est le rapport entre la concentration de cholestérol dans le sang et celle dans les cellules. En réalité, ce qui circule dans le sang est peu important. Pourtant, le taux de cholestérol est dosé en fonction des prises de sang. Et donc on ne sait pas si un taux élevé de cholestérol dans le sang indique un taux élevé ou bas dans les cellules… Il n’a pas non plus été mesuré le temps de séjour du cholestérol dans le sang ou dans les tissus. (« l ‘espace de distribution »)

Avec les connaissances biochimiques actuelles, on ne peut toujours pas démontrer la dangerosité majeure de cette molécule. (sauf dans de rares cas, voir plus bas)

Quel est le rôle du cholestérol dans les maladies artérielles :

A quoi correspondent les plaques d’athéromes ? Ce sont des inflammations dues aux chocs de pressions artérielle répétés sur les coudures et bifurcations des vaisseaux. Il se créé alors des petites blessures, que l’organisme va réparer. A force, ces cicatrices s’amoncellent et laissent place à des « plaques » , qui sont en fait de grosses cicatrices.

C’est un phénomène qui n’existe que chez les grands animaux, surtout chez les mammifères qui se tiennent verticaux. Car chez un petit animal, le cœur bat à 400/500 par minutes. Il n’y a presque pas d’ondes artérielle, puisque le flux est quasi continu. Chez les êtres humaines, à 70 battements par minute, ça équivaut à des giclées de 80 ml dans la circulation et créé des pics de pression. Ce qui d’ailleurs nous permet de vivre puisque notre cœur étant en bas et notre cerveau en haut, il faut une pression suffisante pour lui envoyer ce qu’il faut…

Pourquoi y a-t-il des graisses dans les plaques athéromes ?

Les cellules réparatrices sont des cellules qui se multiplient et qui ont besoin d’énergie. Elles vont l’obtenir via le sang et les graisses qui y circulent. Ces cellules macrophages meurent, et restent contenues dans cet amas de graisses.

Il serait raisonnable de penser que les acides gras qui ont été amenés par le cholestérol dans les plaques vont être des stimulantes pour les cellules réparatrices. En effet, une fois en place, l’acide gras sera en partie oxydé, et va devenir irritant et ainsi attirer un nouveau macrophage et créer un cerce vicieux où les acides gras vont contribuer à l’épaisseur des cicatrices. Ça n’a pas été démontré mais c’est possible. Mais il ne s’agit pas du cholestérol en lui même , mais des acides gras. Certes, c’est le cholestérol qui a servi de véhicule. Mais lui est un élément inerte dans ce cas, il n’a qu’un fonction structurelle.

Maladies génétiques rares en lien avec un taux élevé de cholestérol:

il y a certaines maladies génétiques qui s’accompagnent d’un cholestérol très élevé. C’est très rare, A peu près 100 personnes en France, entre 6 et 7 g par litre

Mais il y en a 10000 qui ont entre 3 et 4 g/litre. On ne retrouve pas des plaques mais une infiltration diffuse de la paroi artérielle. La répartition des lésions n’est pas la même…

conclusion :

Je remerci le Pr Even de s’attacher à rendre accessible un discours scientifique et de le rendre le plus intelligible possible! C’est structuré, cohérent, et il évite d’utiliser des termes barbares aux communs des mortels que nous sommes.

La suite, peut-être dans un prochain épisode, sinon rdv dans la 2e partie de la vidéo ci-dessous!

 

Le lien vers la vidéo Youtube :

 

2 réflexions au sujet de « Le cholestérol – résumé d’une interview du Professeur Philippe Even »

  • 8 août 2019 à 16 h 52 min
    Permalink

    bonjour merci pour vos explication puis je vous téléphoner ou vous écrire

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  • 8 octobre 2023 à 17 h 51 min
    Permalink

    Bonsoir,

    J’ai regardé et surtout écouté ce reportage, car demain j’arrête les statines. Après la pose de 4 stents le cardiologue m’a prescrit un antiplaquettaire ” Résitune”.
    Le médecin de famille tout de suite de la pravastatine. Douleurs musculaires, fatigue, trouble visuels,
    ” tu as lu les effets secondaires tu te la joues” sa conclusion.
    Depuis 3 semaines, après un trek rando de 9 jours ( fatigue, insomnie, intestins en vracs) j’ai décidé d’arrêter ce traitement. Je retrouve du punch, plus de courbatures après, pendant les travaux de jardin ou autre. Je supprime quelques produits de mon alimentation. Taux de cholestérol de vendredi dernier 2.34g. Bien entendu je vais me faire culpabiliser.

    Néanmoins ma démarche est ferme et définitive, nous irons à l’affrontement, de sa part pas de la mienne.
    Merci Professeur, de votre éclairage, au docteur de Logeril votre mérite est grand et surtout réconfortant.

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